-M- @ L’Olympia ’10

Pour la génération des pré-trentenaires d’aujourd’hui, Matthieu Chédid reste celui qui aura bercé tendrement nos années lycée-fac de ces mélodies pop joyeuses et sucrées. Bon, on ne lui en voudra pas, on était déjà très fans de ses facéties vestimentaires et musicales. Le voir revenir avec son album « Mister Mystère » en 2009 était plutôt bon signe, et après écoute une franche déception. L’artiste rose bonbon s’était mué en adulte sombre, mélancolique et sans saveurs. Son passage à l’Olympia allait prouver le contraire.

Matthieu Chédid, aka -M-, ne s’est jamais caché d’une certaine volonté de repousser le personnage public pour en revenir à un musicien certes exubérant, mais humain. On l’a vu depuis 2003 multiplié les apparitions comme supporter d’autres musiciens, et son retour personnel a été savamment orchestré pour 2009, avec une certaine anxiété de la part des fans. Personnage multiple et principal de son nouveau show, -M- nous ressort du grand spectacle, offrant autour de sa propre personne (ou son personnage) un vrai spectacle de plus de deux heures, créatif et vitaminé, largement offert à un public conquis, et avec une troupe de musiciens ayant un vrai rôle à ses côtés. Sa générosité l’honore donc.

Quand il apparaît sur scène, de toute sa superbe tenue, -M- enchaîne les titres de son dernier album, de manière solidement rock avant de saluer la foule. On est rassuré, il n’y aura pas de déprime au programme. Sur la scène prévue comme un grand terrain de jeu pour lui et ses comparses, -M- bouge et se promène en tous sens, allant jusqu’à jouer au milieu de la foule ou au balcon. Un vrai partage et un jeu qu’il annonce dès le départ, le spectacle se joue avec une unité entre le groupe et le public.

Repassant sur un répertoire large de chansons, -M- se mue lentement en Matthieu Chédid, abandonnant lentement ses artifices (costumes, coiffures..) pour se retrouver face au public au naturel, tenue sobre sur cheveux décoiffés. Le voilà, notre -M- version 2010, un homme orchestre sans rien à cacher, et solidement entouré de sa troupe. Le final, forcément plus intimiste, résonne comme le stade final de sa métamorphose : si suite il y a, elle sera forcément à hauteur d’homme. Après 2h20 de concerts, et deux reprises, on est heureux de le voir toujours autant s’amuser avec nous.