Chad VanGaalen @ Point Ephémère

Chad VanGaalen n’a pas fini de se torturer l’esprit, et ce n’est pas pour nous déplaire. C’est une égoïste pensée qui nous vient à l’écoute de Light Information le 6ème album (Sub Pop) de cet artiste multimédia originaire de Calgary au Canada. Son passage au Point Éphémère à Paris pour célébrer la sortie de ce nouvel opus, fut l’occasion d’apprécier à leur juste valeur ces morceaux sublimes sortis de façon quasi confidentielle (ou en tout cas peu rapportée) en septembre 2017. Producteur, graphiste, illustrateur, vidéaste… la liste des talents de ce quadra est assez longue. Déniché par le label indépendant canadien Flemish Eye en 2004 grâce à son album autoproduit Infiniheart, Chad VanGaalen n’a pas cessé depuis de composer des oeuvres majeures appartenant à la mouvance folk rock canadienne . Ce digne héritier de Nick Cave, frère spirituel de Fleet Foxes ou Bon Iver, nous entraîne de nouveau dans son trip introspectif. Cet album, Chad VanGaalen l’a composé, enregistré et produit en solitaire. Au Point Éphémère il interprète avec ses musiciens bon nombre des titres réunis dans Light Information. Le concert s’ouvre sur le magistral Mind Hijacker’s Curse premier morceau de l’album, sans doute le plus réussi avec Pine and Clover dont le clip entièrement réalisé par Chad figure ci dessous. Cet album pourrait être la bande originale d’un film de science fiction. Il cristallise les angoisses d’un homme, d’un auteur, d’un père ;  l’angoisse de l’aliénation, de la dépendance, de la finitude de l’homme. Chad est résolument plus rock qu’à ses débuts et cultive sa méthode d’enregistrement basse définition dite lo-fi comme sur Golden Oceans, Old Heads ou encore Host Body dans lequel il chante “I’ll be the host body, yes, for the parasitic demons. They can eat me from the inside out, I already hear them chewing.” Angoissant on vous disait.

Entre la noirceur et la lumière il y a l’interlude Prep Piano and 770 joué sur un vieux Korg 770, une parenthèse absente de ce set mais appréciable sur l’album. Il y aussi le titre Static Shape, une ballade plus pop portée par les choeurs réalisés par ses deux filles. Chad VanGaalen interprète également Peace On the Rise et Heavy Stones, deux extraits de son album précédent Diaper Island sorti en 2011. Si son dernier album est sombre et inquiétant, Chad n’en reste pas moins un déconneur sur scène, il n’hésite pas à partir dans des improvisations aux paroles approximatives. Cet artiste mérite à bien des égards de sortir du confinement dans lequel il se complaît pourtant.

photo couverture Marc Rimmer