Mozes and the Firstborn – Mozes and the Firstborn

Comment ont-ils fait ? Comment cette bande de gamins d’Eindhoven (Pays-Bas), la vingtaine, a-t-elle pu réussir ce hold-up extraordinaire : aspirer et recracher tout un pan de la culture musicale, en l’occurrence les années (glorieuses) de 1990, post-rock, grunge et power-pop.

Peut-être était-ce un défi. « Hey, on va écouter ce qui se faisait quand on est nés, et on va refaire pareil ». Parce que concrètement, Mozes and the Firstborn, c’est ça : un album qui s’est trompé d’époque. Ou plutôt, un album qui transpire son époque. Dès Bloodsucker, le voyage dans le temps commence. Avec des « références » à n’en plus finir, au premier rang desquelles on peut citer Silverchair, un peu de Nirvana, du Nada Surf « grande période », des Dandy Warhols (Down With The Band) ou même du Tripping Daisy (oui, placer Tripping Daisy dans un article en 2014, c’est particulièrement osé).

On pourrait presque parler de plagiat si l’on voulait faire le grincheux, tant les sonorités rappellent d’autres morceaux. Mais en réalité, c’est surtout une sacrée prouesse et un coup de maître, que d’avoir réussi avec ce premier album, un condensé de glorieux styles musicaux. Et même dans la nonchalance d’un morceau de branleurs comme I Got Skills, se dégage une maturité dans la composition qui force le respect.

Et c’est ainsi que Mozes and the Firstborn défile, surprenant de piste en piste à chaque écoute, dans une totale liberté d’exploration musicale. Une impression de coolitude se dégage de l’album, une insouciance qui rend jaloux, à l’image de ce Skinny Girl sans prise de tête, ballade folk-rock qui n’a elle non plus rien inventé, mais régurgite habilement tous les codes du genre.

Le disque semble inépuisable. Chaque écoute révèlera un morceau nouveau que l’on n’avait pas encore enregistré en mémoire, jusqu’à tomber sur un consensus composé de Peter Jr., What’s Wrong Momma ou l’excellent Gimme Some. Une garde rapprochée facilement complétée de Bloodsucker, I Got Skills ou Down With The Band. Puis toutes les autres au final. Bref, un album où rien n’est à jeter. Que ça fait plaisir.

4.5 / 5