Motorama – Poverty

« Poverty » est le nouvel album du groupe de rock indé russe Motorama, que l’on connait pour ses célèbres EMPTY BED (lien ici), TO THE SOUTH (lien ici) ou ONE MOMENT (lien ici). Respectivement issus du premier album, du deuxième album et d’un EP de 2011 éponyme. 2015 est donc l’année du troisième album. Composé de 9 titres, il à la fois diversifié et plein de résonance des plus grands titres passés. Exactement comme l’entrée en matière, CORONA est un énorme vent de dynamisme pour débuter l’album. A la fois mettant surtout en valeur la basse de Airin Marchenko et le clavier de Alexander Norets, ce son est comme un cousin de EMPTY BED qui anticipe déjà sa future réputation.

Ensuite, les arrangements de la voix de Vladislav Parshin dans DISPERSED ENERGY provoquent un certain écho dans les oreilles. Comme si les paroles et la musique se mêlent pour s’encrer dans la tête de la personne qui écoute. Vouloir marquer les esprits, c’est que ONE MOMENT a bien su faire avec son mariage des tempos. C’est ce que DISPERSED ENERGY sait faire : il y a un temps pour la contemplation étirée des instruments et un temps pour se laisser envoûter par le voix remixée.

En troisième morceau, le groupe ne veut absolument pas relâcher l’énergie dépensée précédemment. Encore plutôt très rythmé, le son RED DROP pourrait s’apercevoir comme une alliance tendre entre ONE MOMENT et GHOST. Ici, les instruments se font plaisir et s’autorisent plusieurs tempos différents. Une vraie mixture des possibilités à travers la variété des sons que peut offrir Motorama. Presque un son somme de ce que le groupe a su magnifiquement offrir depuis ses débuts. Réjouissant moment.

C’est après RED DROP que l’album va se calmer petit à petit, il n’est pas nécessaire d’être trop brusque pendant une demi-heure. Même si celle-ci passe bien trop rapidement, tellement les sons se savourent avec inconscience. C’est surement ce qui se produit quand on écoute HEAVY WAVE, qui a tendance dans ses instants de « non paroles » à créer l’hypnose. La batterie de Roman Belenky qui est discrète, le clavier n’est présent que par intermittence, les guitares de Maksim Polivanoc et de Vladislav Parshin ainsi que la basse prennent toute la place tout en restant avare.

La retenue serait peut-être le bon terme pour décrire le titre suivant, intitulé IMPRACTICAL ADVICE. Tout en douceur, presque telle une tendresse un peu trop sage sur la longueur, mais en sachant maintenir son niveau de notes à un certain degré qui rappelle l’assurance de TO THE SOUTH. Pourtant, les premières notes de LOTTERY (titre suivant dans le nouvel album) laissent à penser que Motorama peut remettre le couvert du grand dynamisme. Mais ce n’est qu’un faux semblant : il s’agit d’un son à la limite de l’expérimentation des instruments, comme le groupe avait que trop rarement fait jusqu’ici.

Ce qui pourra gêner certains, c’est que LOTTERY sert de transition avant deux titres qui pourraient en former qu’un seul. En effet, OLD puis SIMILAR WAY peuvent s’apercevoir tel un diptyque de la tranquillité où la parole est pratiquement absorbée / cachée par les sons émis par les instruments. On se croirait revenu au temps de WIND IN HER HAIR ou de WARM EYELIDS. Quant au dernier titre de l’album, il s’inspire largement de ce diptyque et à la fois des tous premiers sons de l’album. Comme une conclusion, WRITE TO ME formerait un double regard : celui qui revient sur les résonances de cet album, puis celui qui annonce les futurs projets où une fantaisie pourrait appaître dans les expérimentations.

4.5 / 5
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