Låpsley – Long Way Home

Låpsley n’est pas la nouvelle diva anglaise qu’elle paraît être au premier abord, une chanteuse aux singles entêtants  qui laisseraient présager une carrière oubliée un fois l’hiver revenu. Après l’écoute de son premier opus, force est d’admettre que l’anglaise a plus d’un tour dans son sac, y compris des jolies chansons, et un talent pour la production certain. Critique d’un album plus profond qu’il n’y paraît.

Long Way Home, signé sur le colossal label XL Recordings, n’est pas un album facile à définir, sinon à critiquer. On y retrouve de nombreuses influences et genres allant de la ballade presque tire-larme (Hurt Me), jusqu’au rythme qu’on dirait emprunté au rap (Tell Me The Truth). Il est tout autant intéressant à écouter qu’il ne reflète pas uniquement ce que l’on connaissait jusqu’à présent des compositions de l’anglaise, à travers ses premiers singles. Cet album, composé et voulu comme tel par Låpsley (qui a subi les affres de producteurs souhaitant la transformer en machine à tube), contient de jolies surprises comme Painter ou Cliff.  Dans ce dernier, plus dépouillé et finalement plus intéressant, l’anglaise deviennent réellement touchante. Impliquée dans tous les processus d’écriture et de composition de son album, l’anglaise a parfois modifié digitalement la hauteur et le timbre de sa voix pour créer une voix doppelgänger lui répondant (Station), et mettre en perspective les paroles et l’intensité du morceau. Assez brillant, il faut le reconnaître. Et puis parfois la magie opère moins, et ce sont finalement avec les morceaux qui semblent avoir le plus de potentiel à se transformer en tube qui déçoivent (comme le dernier single tiré de l’album, Love is Blind). Il convient d’écouter le disque jusqu’à la fin : Seven Month le termine comme il avait commencé : dans la douceur, dans la retenue, terminant ce long voyage itinérant au coeur des influences de la chanteuse.

Parfois prête à passer la ligne rouge du bon goût, Låpsley retombe toujours sur ses pieds, et signe un premier album prometteur et cohérent, sans réelle fausse note. Celui-ci, autobiographique (les morceaux ont été composés sur son périple pour faire de la musique sa vie, entre Liverpool, Londres et Los Angeles), réussi à être touchant, bien plus qu’il ne semblait l’être de prime abord.

3.5 / 5