Grandaddy – Last Place

Honnêtement, demandons-nous ce qui est le plus intéressant dans ce nouvel album des Californiens de Grandaddy. Que le style — largement reconnaissable — n’ait pas évolué et résonne comme le début de ce « vieux » groupe des années 1990 ? Ou plutôt que la présence de Danger Mouse à la production, caution modernité s’il en est, réussisse à faire un album qui résonne comme le début de ce « vieux » groupe des années 1990, mais en 2017 ?

Last Place, septième album de groupe, est quand même un petit événement, ne le cachons pas. Il met fin à onze ans sans disque, le dernier (Just Like The Fambly Cat) remontant à 2006. Et il efface assez facilement l’absence de Grandaddy, reformé en 2012 pour une série de concerts avant l’annonce d’un nouvel album. Il répond clairement aux attentes des fans et ne décevra pas forcément les auditeurs découvrant la formation, qui du coup n’y trouveront pas un mélange assez classique entre Weezer et Sparklehorse par exemple.

Avec Way We Won’t qui ouvre le disque, mais surtout avec une dernière partie largement supérieure au reste (This Is The Part et le magnifique A Lost Machine) Last Place surprend par la justesse et la pertinence de sa musique en 2017. On s’attendait à être lassé, il n’en est rien.

Dans cet ensemble cohérent, la faute de goût viendra peut-être de Check Injin, le morceau le plus rythmé intervenant en milieu d’album et qui se révèle assez inutile au final. Et les premières pistes qui paraissent plus fades lorsque l’on approche de la conclusion du disque. Le final Songbird Song a même du mal à supporter la comparaison avec A Lost Machine qui le précède, décidément le morceau marquant de Last Place. Dans tous les cas, loin d’être une déception nostalgique, voilà un bel exemple d’un groupe qui a su surmonter pas mal d’obstacles pour offrir un album digne de ce que l’on espérait retrouver.

3.5 / 5