Bon Iver – 22, A Million

Ce devait être un des grands moments de l’année. Ce sera hélas un rendez-vous presque manqué, disons… en demi-teinte. Bon Iver signe son grand retour avec un troisième album attendu mais aussi redouté : 22, A Million prend un virage plus électronique, menaçant une partie de ce qui a fait connaître l’artiste et lui a donné une signature : l’authenticité.

L’entrée en matière est pourtant réussie avec 22 (OVER S∞∞N) qui allie efficacement l’ancien et le nouveau. Mais l’on rentre par contre assez vite dans le vif du sujet avec 715 – CR∑∑KS, et son grand mélange de distorsions vocales qui va accompagner plusieurs titres de l’album. 33 « GOD », que l’on connaissait déjà, se montre toujours aussi digeste et 29 #Strafford APTS nous offre quelque chose de plus « classique » (guitare, voix non retravaillée) ce qui finalement nous laisse indécis. Quelle direction l’emportera sur 22, A Million ? Sur 666 ʇ, un saxophone rencontre une rythmique mutante et tapageuse ainsi que de légers bips, pour produire ce qui ressort comme l’un des meilleurs titres. La magie Vernon opère réellement pour la première fois, après ce qui s’apparentait précédemment à des tâtonnements. Il faut dire également que l’on aborde avec ce titre la seconde moitié de l’album, et que l’on n’a pas été convaincu par la première. Il y a toujours ces sonorités qui peuvent déranger (ces crissements sur 21 M◊◊N WATER, ce mélodica incertain sur ____45_____...) mais aussi ces moments « purs » (8 (circle) dans son ensemble, remarquable, ou bien sûr le final 00000 Million).

Ce que l’on sait : 22, A Million est beaucoup moins accessible que ses deux grands frères. Mais ces derniers, magistraux, ont eu le mérite de nous conférer toute la persévérance et la bienveillance que mérite ce petit dernier. Ne pas lâcher dès la première écoute, recommencer, écouter les petits détails (sans pour autant renier ce qui agace) et au final : reconnaître que Bon Iver a réussi son coup. Évoluer sans trahir, avancer sans être consensuel. Le pari était risqué, mais si l’on se donne le temps d’approfondir le disque, on est récompensé.

4 / 5