Arctic Monkeys – Whatever People Say I Am, That’s what I’m not

Ils voulaient faire parler d’eux en faisant du bruit, c’est fait. Ils crient, ils tapent vite et fort sur leurs instruments, et c’est tout. Ils ont voulu jouer la carte de la provocation sans vraiment réaliser qu’il fallait avoir quelque chose pour avoir une grande gueule : Whatever People Say I Am, That’s what I’m not est donc un album pauvre fait par des pauvres.

L’exploit (car il est là) c’est donc de sortir un disque dénué de tout sens mélodique, mais plutôt un enchaînement de notes frénétiquement jouées sur chaque instrument. Cela donne un ensemble qui fait honte à la masse musicale empruntée (pour ne pas dire « pompée ») aux décennies précédentes du rock.

On peut « découvrir » les singes arctiques (diantre, quel nom de scène) en mettant la lecture aléatoire, cela ne pose aucun problème puisque le disque n’a aucune construction interne. Ainsi, selon votre endurance et votre préparation tolérante au groupe ou non, vous pourrez tenir plus ou moins longtemps. Peut-être attendrez-vous le premier single I bet you look good on the dancefloor arrivé en tête des charts par on ne sait quel miracle, une performance remarquable pour cette imitation du générique de « Buffy contre les vampires »… Fake Tales of San Francisco échappera au peloton pour son interprétation exempte de défauts, et ça sera bien la seule. Rien que sur Dancing Shoes on croirait déjà retrouver les “Kick me out, kick me out” de la piste précédente.

En lecture normale, l’album gagne vraiment en ennui à partir de You probably couldn’t see for the lights but you were looking straight at me (ils doivent être payés au caractère plutôt qu’à la musique). On remarquera le manque d’inspiration lyrique sur Still Take You Home, le très soporifique Riot Van qui n’a rien de relaxant quand le chanteur semble au bout de ses capacités vocales. Avec Red light indicates doors are secured une autre étape est franchie puisque les Arctic Monkeys inventent l’auto-pompage intra-album : un titre composé de bouts de morceaux précédents sur le même disque.

Même Mardy Bum, pourtant calqué sur des sonorités ’libertiniennes’ plus actuelles en devient lassant. Perhaps Vampires is a bit strong but… (qui a dit Buffy ?), gonflée artificiellement pour enfin faire dépasser les quatre minutes à un morceau de l’album (la majorité n’atteint pas les trois minutes de bruit) est un bel exemple de « comment taper fort et vite sur une batterie et contaminer les autres instruments » ; une technique reprise sur A Certain Romance maquillée de notes légères « pour faire style fin-mélomane-à-ses-heures ». Cela donne le morceau le plus long de l’album (comme par hasard).

En résumé vous l’aurez compris, Whatever People Say I Am, That’s what I’m not est le pillage le plus honteux de l’histoire du rock’n roll (ils peuvent bien endosser un superlatif de plus). Les Arctic Monkeys, c’est finalement le groupe de musiciens qui viendra égayer votre ambiance dans les salles des fêtes pour un mariage, se contentant d’interpréter (certes avec talent, ne leur dénigrons pas ça) des morceaux qui ne sont pas d’eux. C’est sûr que leur premier disque évite d’acheter ce qui a été fait et refait bien avant eux. Mais ce n’est même pas une compilation…

P.-S. J’ai parlé de la pochette ? Non ? Ben elle est moche.

1 / 5