Sans surprise, le deuxième album d’Alt-J n’a pas le même éclat que son prédécesseur An Awesome Wave, plébiscité par la critique et le public (album de l’année 2012 sur Onlike grâce au vote des lecteurs). Il faut dire que le groupe avait déminé le terrain en avance avec les singles précédents l’album : Hunger Of The Pine, Left Hand Free, et Every Other Freckle. Les deux premiers ont quelque peu dérouté les fans qui venaient tout juste d’être accrochés, nécessitant un réajustement avec le troisième titre, beaucoup plus « Alt-J-esque » et finalement rassurant. Etait-ce la bonne marche à suivre ?
Car pourtant, comment ne pas saluer un groupe qui prend le risque de suivre sa voie et de se mettre en danger dès son second disque ? Là où bon nombre de nouvelles formations auraient capitalisé sur un succès fulgurant — et mérité, quoi qu’en disent des mauvaises langues toujours bien vite lassées lorsqu’un album confidentiel devient une appropriation grand public — en confirmant leur production, Alt-J s’en est allé immédiatement explorer de nouveaux horizons sonores. Left Hand Free en est un bel exemple. Son seul problème étant de ne pas « sonner comme du Alt-J », alors qu’il semble bien que c’est ce que tout le monde voulait. Et c’est ce que This Is All Yours remplit partiellement, dès son intro (la bien-nommée Intro) qui est une vraie piste pédagogique sur la nouvelle direction du groupe. Beaucoup d’évolution en très peu de temps, c’est à saluer. Alors, qu’est-ce qui cloche dans cet album ? La réalité tient en quelques mots : un rythme moins soutenu. Des morceaux comme Nara ou The Gospel of John Hurt ont moins d’ampleur que ce que l’on pouvait entendre avec un Breezeblocks (« please don’t go please don’t go ») ou un Something Good.
This Is All Yours est un bel effort, probablement injustement accueilli. C’est surtout une bonne leçon sur la mise en perspective de la volonté créatrice d’un groupe et des attentes de son public. Pas sûr que ce dernier en sorte grandi.
3 / 5Il y a 10 autres articles à lire.