FIFAM 36 : Jour 3 – 14 Novembre

Non, je ne viens pas en vélo sur le Festival. A défaut d’avoir été pris en charge pour l’hébergement, j’ai dû me débrouiller. Retour aux bonnes habitudes, je suis logé à Amiens Sud, en résidence du CROUS. Du coup, le vélo c’est moins bien que le bus : le second est plus rapide, et surtout tu peux boire autant que tu le souhaites, les routes montantes ne seront pas un calvaire.
Oh désolé, je suis resté sur une discussion que j’ai eu ce midi avec un ami. Oui, j’en ai. Même s’il s’agit d’une personne que je ne vois qu’une semaine par an, lors du Festival du film d’Amiens.
Je vous affirme que je ne suis pas en panne d’inspiration concernant les bêtises (j’ai voulu dire « blagues » mais ça veut dire que je me trouve drôle). J’ai décidé d’être aussi bancal que la journée cinématographique vécue. Le bonheur était au rendez-vous ce midi : j’ai réussi à dix films consécutifs sans en trouver un seul de mauvais. Et là, splash, le film de 14:00 est une déception.

Cette journée a pourtant débuté sur les chapeaux de roue (cette expression est assez étrange, non ? Je demande la traduction latine ou arabe). A dix heures du matin, déjà dans une salle pour découvrir un autre long-métrage de Dang Nhât Minh (plus facile à écrire qu’à dire). Son HANOÏ HIVER 46 est une véritable monument du film de guerre. Je parlerai beaucoup, dans l’avenir, de la relation entre les cinéastes britanniques et l’Histoire de la Grande-Bretagne, mais dans ce cas, c’est la profondeur du cœur qui l’emporte. Loin de la stylisation et de la fatalité du cinéma britannique, HANOÏ HIVER 46 est une nouvelle ode à la réconciliation vietnamienne. Pour une fois, l’occupation des Français au Vietnam est vue de l’oeil des occupés. La force de ce long-métrage est d’avoir une approche quasi documentaire, car la fiction est faite d’une intimité personnelle du cinéaste. Un vrai livre ouvert qui explore l’âme du peuple, avec une esthétique au regard acéré où chaque plan en cache un autre suggestif / révélateur.

Pause déjeuner. Blabla. Ca va ? Oui et toi ? Alors t’as vu quoi de bien ? Attends, je sors mon programme. (…) Toujours la même rengaine des rencontres et des discussions. Jamais on s’intéresse aux traditionnelles questions : la famille, le travail, les amours, ça va ? Non, dans un Festival de Cinéma, faut croire que tout le monde ne pense qu’aux films diffusés. Quel manque d’ouverture. C’est pour ça qu’on est toujours mieux à aller voir des films seul, on est pas embêté par son/sa voisin(e) qui demande à la fin quel était le sujet du film : fallait regarder et pas ronfler, voyons.

THE ROAD TO MANDALAY. Film en compétition long-métrages internationaux. Ma critique pleine de mauvaises paroles à lire prochainement.

Comme LES AMANTS et MILOU EN MAI a conquis mon cœur de cinéphile, je suis dirigé vers un repas en compagnie d’André. J’ai eu le malheur de découvrir MY DINNER WITH ANDRÉ de Louis Malle. Dans sa très belle écriture au discours bien ficelé, autour des questions comme ré-apprendre à vivre ou la création artistique, le long-métrage est passionnant de la part de ses comédiens épatants de modestie et d’assurance dans les monologues. Cependant, il faut savoir filmer le théâtre. Et là, on se dit que Louis Malle aurait dû demander conseil à Alain Resnais. Parce que, utiliser 4 à 5 plans maximum dans un film de deux heures, c’est très vite lassant. C’est là que le long-métrage trouve sa limite cinématographique : il aurait fait un très bon court-métrage. De plus, voir deux personnages discuter pendant deux heures autour d’une table dans un restaurant, ça réveille les babines. C’est peut-être pour cela que des spectateurs sont sortis en pleine séance, en montant les marches rapidement vers la sortie.

Enfin, cette troisième journée de Festival lançait la section « Kolosary Cinéma Malagasy », autrement dit le Cinéma Malgache. Il ne pouvait rien y avoir de mieux que TABATABA de Raymond Rajaonarivelo pour commencer cette rétrospective. Grand film d’époque, véritable pépite sur la gestion de la peur du hors-champ et l’angoisse de l’absence. Dans ce village en marge des autres, il y a une ambiance de plus en plus glaçante, au fur et à mesure que l’ennemi semble se rapprocher. Avec des scènes cruelles, d’autres fortement émotionnelles, puis avec peu de répliques : le long-métrage s’inscrit dans ce type de film d’époque où l’esthétique est au service des personnages. Le village constitue un espace de peur et de sécurité à la fois, avec une approche désabusée et frontale.

La journée se termine ainsi, avec une course en chaussures de ville pour réussir à attraper le bus. Horaires ne coïncidant pas entre les bus et le Festival, j’ai donc loupé le débat sur TABATABA. Tant pis, comme ça je rentre plus tôt pour pouvoir écrire cet article. Faut bien faire son boulot quotidien en tant qu’accrédité presse (c’est quand qu’il se termine ce Festival ?). Ah, je dois aussi dire que les sièges avec un morceau de papier découpé à l’arrache où est inscrit « réservé », bah c’est pas de la rigolade. Et aussi, le quinoa c’est délicieux. A suivre.

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