FIFAM 36 : Jour 1 – 12 Novembre

Voilà une première journée de projections terminée à la 36e édition du Festival International du Film d’Amiens. Évidemment, vous verrez que ces compte-rendus quotidiens ne sont élaborés qu’à partir d’une sélection personnelle dans la programmation. Heureusement, mes chers collègues-boss ne m’ont rien imposé. Comme ça, je peux écrire tout ce que je veux sur n’importe quoi. Cela dit, je peux ainsi écrire sur des films que j’ai même pas vu : ni vu, ni connu. La prochaine fois, ils apprendront qu’il faut me demander ma sélection. Toutefois, je peux assurer que je n’ai pas chômer. Même si j’ai trouvé cinq minutes pour acheter les dvd de LE BOIS DONT LES REVES SONT FAITS de Claire Simon (j’en ai même concoté une critique éloge) et de SORCERER William Friedkin, j’ai vu sept films entre 14h et 22h : quatre long-métrages et trois court-métrages. Comme à chaque festival où je me rends, c’est à peu près la course entre les salles pour arriver à satisfaire mes envies illimitées / mes désirs en carte blanche.

Cependant, j’essaie de brasser une sélection éclectique et pleine de surprise. Ainsi, cette phrase est la seule où vous pourrez lire quelque chose de ma part à propos de la section « Hommage à Douglas Trumbull ». Connaissant déjà 2001 : A SPACE ODYSSEY ou encore BLADE RUNNER ou même RENCONTRES DU 3e TYPE, j’ai préféré ne pas aller les revoir. Je préfère saisir l’occasion de découvrir des films, dont certains je n’aurai surement plus jamais la chance de revoir. En particulier les films du cinéaste vietnamien Dang Nhât Minh. J’ai ainsi pu découvrir le très poétique EN ATTENDANT LE MOIS D’OCTOBRE (1964). Il s’agit d’une jeune femme qui apprend la mort de son mari au front ; mais pour ne pas aggraver la mauvaise santé de son beau-père, elle demande à un ami proche d’écrire des lettres au nom de son mari. Malgré une légère redondance des confrontations entre personnages, le long-métrage est une merveille de lyrisme et de tendresse. On se croirait devant une tragédie grecque avec un soucis d’exploration du thème fantasmagorique. Non pas dans le sens de l’illusion, mais plutôt dans un hors-champ suggestif du passé (un peu comme l’a fait récemment Kiyoshi Kurosawa dans VERS L’AUTRE RIVE). Un film très littéraire qui arrive à prôner une esthétique sobre dont le Noir&Blanc met en lumière les émotions d’une actrice formidable.

Après cette réjouissante découverte, j’ai commencé à combler une lacune de ma cinéphilie : la filmographie de Louis Malle. Je peux désormais dire que j’en ai vu au mois un (bientôt plusieurs) : il s’agit de LES AMANTS de 1958 dont l’histoire d’amour est presque composée comme un opéra. Il y a des sortes d’engouements et des cris de souffrance intime. Le long-métrage mélange subtilement la rédemption romantique, la poésie de la souffrance, l’érotisme des instants charnels et la recherche de liberté au sein de la satire sur la bourgeoisie. Bijou de comédie à plusieurs moments, et diamant brut filmant les tabous comme jamais auparavant, le long-métrage se perd pourtant près de la fin. Quand l’amour absolu arrive dans une longue échappée, le film perd de son élan et provoque un manichéisme entre les personnages. Un final bâclé qui en oublie le rôle de ses personnages secondaires, laissés en marge comme de simples éléments perturbateurs.

La journée s’est poursuivie avec deux autres découvertes : le film NELLY (de Anne Émond) en compétition long-métrages internationaux ; puis le film LA VENGERESSE, le nouveau Bill Plymton en avant-première (accompagné de trois court-métrages). Je vous parlerai de ces deux films dans des critiques respectives. Néanmoins, peu importe la séance que je cite parmi ces quatre, les salles étaient bien remplies de spectateurs. Le Festival démarre en trombe, et les applaudissements se font agréablement retentir à chaque fin de séance. Le FIFAM 36 tient pour l’instant ses belles promesses : c’est la première fois dans un Festival de Cinéma que je vis le premier jour sans mauvais film. A suivre.

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