Taj Mahal

UN FRANÇAIS, DHEEPAN, LES COWBOYSMADE IN FRANCE… Quelques mois après les attentats contre Charlie Hebdo, et bien que les films cités aient été tournés avant, le cinéma français a le regard tourné vers une réalité complexe, celle des extrémismes, des mouvements identitaires et des populations éclatées. Huis clos claustrophobique au coeur d’une autre attaque (dans un hôtel de Bombay en 2008) TAJ MAHAL de Nicolas Saada livre à la fois une immersion au coeur de l’horreur, et un constat saisissant du monde d’aujourd’hui.

DHEEPAN nous présentait une famille recomposée de 3 personnes fuyant leur pays pour trouver un nouveau foyer ; TAJ MAHAL ferait presque figure de miroir parfait, avec cette jeune femme et ses parents en transit dans un hôtel de Bombay avant que leur maison ne soit prête. Avant, pendant, après : Saada suit Louise, son personnage principal (Stacy Martin), autour de la tragédie qui les frappe. Enfermée dans sa chambre d’hôtel, seule, elle doit se cacher des terroristes qui sont de l’autre côté de sa porte, à quelques mètres d’elle. Ou comment le monde que l’on connaît bascule en quelques minutes.

TAJ MAHAL est un film sensoriel, un pari audacieux à l’heure où le choix du grand écran est de tout dévoiler (quelquefois avant le film même). Ici on ne verra presque rien, on reste centré sur Louise et son calvaire (à l’image du FILS DE SAUL), sa connexion au monde connu via son téléphone. Des tirs d’armes automatiques aux bombes, des sirènes d’ambulances aux couloirs enfumés de l’hôtel, c’est un monde de sons, de cris et de bruits qui s’offre à nous. La terre, l’eau, l’air et le feu, voilà ce que propose Nicolas Saada dans son nouveau film : un film en pleine réalité, aussi terrible soit-elle, où le spectateur doit composer avec ses propres sens.

4 / 5