Sausage Party, l'immense bordel (drôle) de Seth Rogen

Succès surprise du box office américain (97 millions de dollars pour 19 millions de budget), SAUSAGE PARTY a vu son sort dans l’Hexagone métamorphosé. Et le voici passé d’un néant total de distribution à un étalage en bonne et due forme sur nos écrans de cinéma, ce qui aurait pu rassurer sur notre ouverture vers la comédie américaine gentiment trash. Oui mais voilà, malgré notre amour pour Seth Rogen, ses potes et leur film, on se dit que ça n’était pas le meilleur véhicule pour une présentation du genre en France.

On le voit dès l’ouverture de SAUSAGE PARTY, dont le postulat est déjà un grand n’importe quoi : on suit la vie d’aliments d’un grand supermarché à nos foyers, et au coeur de leur propre histoire intime. Gigantesque foire pour Rogen et Goldberg (co-scénaristes, producteurs et complices depuis plusieurs films) qui s’amusent ici sans véritables limites. De films de trentenaires désabusés, de séries gentiment gores, le duo facétieux prend à bras le corps le genre animé pour s’affranchir de toutes barrières. Les idées fusent entre la vie sexuelle des aliments, ouvertement proposées à l’écran, et leur course contre la montre pour ne pas mourir de la main des méchants humains. Double discours, beaucoup d’idées font de ce film d’animation une vraie réussite sur le fond, et une vraie liberté sur la forme.

Alors oui, on assiste ici à une version trash de TOY STORY, remplaçant les jouets par la nourriture, ce qui donne un terrain de jeu idéal pour étaler l’humour grand-guignolesque de Seth Rogen, Jonah Hill et consorts. Visuellement, on n’a connu mieux mais le véhicule est parfaitement calibré pour la cible « jeunes adultes et plus » des films des enfants d’Apatow. Il faut bien se vider la tête pour comprendre ce qu’osent les scénaristes ici, soit un festival au treizième degré de regards sur notre actualité et le bien-pensant, sans jamais s’éloigner de leur envie de provoquer le politiquement correct. C’est à tout point de vue jouissif.

4.5 / 5