Pulp: A Film About Life, Death & Supermarkets

Il y a des films de science-fiction qui vous projettent des siècles en avant dans un futur incertain. Il y a des fresques historiques qui vous ramènent des siècles en arrière dans un passé précaire et bien souvent sauvage. Et puis il y a des documentaires, qui sans prévenir vous vont faire des allers-retours incessants entre votre présent et votre jeunesse, comme une succession de claques temporelles giflées sur les oreilles. Impact de la claque : 20 ans à chaque fois. Oui, VINGT ANS. Voici Pulp: A Film About Life, Death & Supermarkets.

Le topo se dresse rapidement : Florian Habicht s’en va filmer les quelques heures qui entourent l’ultime concert du groupe (culte ? pas culte ? vous décidez) PULP dans sa ville de Sheffield, dont il est originaire, là où tout a commencé, là où tout doit se terminer correctement, finalement. A Sheffield, quasiment tout le monde se connaît, et le groupe semble faire partie du patrimoine. Autant dire que la formation de Jarvis Cocker avait de quoi avoir la pression…

Le documentaire ne se contente donc pas de tourner autour du groupe, il tourne dans sa ville. Pulp: A Film About Life, Death & Supermarkets, c’est donc une grande galerie de portraits bien assaisonnée, des gueules cassées à fort accent et à fort pouvoir d’attachement. Le marchand de journaux, la gamine (Liberty) qui est toute excitée de passer dans un film — peu importe lequel — ou le musicien (Bomar) qui raconte ses galères dans une mélancolie poétique et touchante… Sheffield, loin d’être touristique, s’attire grâce à Pulp un côté « musée historique musical » qui aura rassemblé des fans du monde entier pour ce concert exceptionnel.

Et si la forme du docu n’est pas son attrait majeur, il faut bien reconnaître à Habicht qu’il a dégoté LE sujet en or, la pépite à raconter et à filmer. Entre le trublion quinquagénaire Jarvis Cocker (qu’il est difficile de percer au naturel) et les autres membres qui se livrent, eux, avec une sincérité évidente (mention spéciale pour Candida Doyle — clavier du groupe — et son arthrite diagnostiquée à 16 ans : « Personne ne devient fan d’une rock star qui a de l’arthrite depuis ses 16 ans« ) la matière narrative est bien là.

Mais avouons-le, le gros coup, c’est la musique. Pour les fans de PULP ou ceux qui ont un minimum connu les tubes du groupe à leur époque (on va dire une bonne grosse décennie 1990), le film provoque frissons et sursauts de joie. Il a même un peu de mal à retrouver son rythme après l’énorme générique de début (Common People, claque d’entrée) ou le passage This Is Hardcore à la fin. Là où tant de grands groupes sont incapables de mettre un terme à leur carrière correctement, PULP aura su gérer cela à la perfection. Et désormais il y a même un film qui en atteste.

4 / 5