Possessions

On assiste souvent à des naufrages cinématographiques, causés par des insuffisances techniques ou artistiques. Rarement pour des raisons aussi profondes que dans POSSESSIONS. Car sous la surface d’un téléfilm de luxe, explorant un fait divers sanglant, se cache des idées d’apparence assez douteuses. Vrai faux pas?

POSSESSIONS nous retrace les coulisses de L’affaire Flactif, cette disparition inexpliquée d’une famille près d’Annecy qui avait donné du grain à moudre aux médias, en réalité un quadruple meurtre commis par un couple voisin. On nous présente donc d’une part une famille aisée mais sympathique, propre sur elle et sans trop de problèmes si ce n’est le succès, et d’autre part leurs nouveaux locataires, une brave famille du Nord, avec option accent, ventre bedonnant et tuning intégré. Une image d’Epinal pas si grave (« adapté de faits réels ») mais qui nous est imposée sans trop de finesses. Si le quatuor de comédiens est parfait, chacun dans leur rôle, la volonté de vouloir opposer les deux familles trop rigidement (après tout on parle de jalousie sociale) rend les personnages caricaturaux et limite grotesque.

Ça n’aurait pas été si grave si le reste du film avait été prometteur. Malheureusement les choix de mise en scène (du coup tout devient subjectif) ne parviennent pas à rattraper une base assez maladroite (postulat : les gens du Nord, populaires et aigris, les gens de montagne, riches et égoïstes). Entre des flous artistiques trop fréquents, sans doute pour rallonger un peu la durée du film, ou le faire respirer, et une absence d’immersion dans l’histoire pourtant hautement dramatique, Eric Guirado (le Fils de l’Epicier quand même!) filme le réel presque à la lettre, réduisant son film à un téléfilm de luxe sur la psychanalyse de couple. Offrant ainsi de quoi occuper la case société d’une première chaîne à une heure de grande écoute, le film rate le coche en n’offrant de réel intérêt que dans les dix dernières minutes, dans l’après meurtre. Peu de chances d’arriver à trouver quoi que ce soit d’inoubliable…

1 / 5