Pacific Rim

A voir les blockbusters s’aligner dès le mois d’Avril en vue de viser la première marche du box office annuel, on en vient rapidement à se dire qu’Hollywood produit sans vraiment réfléchir son lot de gros films à fournir à un public avide de divertissement. Si PACIFIC RIM n’est sans doute la révolution attendue, l’attente suscitée autour de ce film se justifie largement autour de trois critères : de gros monstres, de gros robots et Guillermo Del Toro. Le plus geek des réalisateurs de sa génération nous prouve une nouvelle fois sa capacité à imaginer des univers saisissants, impressionnants et d’une minutie folle.

Si on peut revenir sur le scénario dans l’ensemble peu original du film (une menace, une réponse, des problèmes techniques, humains et puis le grand final), force est d’admettre que Del Toro place ses pions avec intelligence. A la faveur d’une voix off explicative, on entre directement dans le vif du sujet. Et son sujet, le réalisateur de CRONOS et des HELLBOY le maîtrise : dans une version lovecraftienne de la GUERRE DES MONDES, PACIFIC RIM nous sort de gros monstres à tentacules du fond des océans. Pour lutter, l’humanité (unifiée, belle utopie) sort ses gros robots, et leurs pilotes synchronisés. Dès lors, le film tourne autour de l’affrontement des deux clans, alors que ça sent la fin du monde à plein nez. Dans une ambiance fataliste à souhait, non dénuée pourtant d’un humour tape-à-l’oeil au coeur des affrontements, Del Toro expose ses envies. C’est massif, précis, destructeur.

A vouloir négocier son passage à l’über-blockbuster, Guillermo abandonne sans doute une partie de ses personnages, humains, devenus les pions d’un jeu plus vaste qu’eux. A trop plonger les mains dans ses origines, il mélange fantastique, influences mangas (malgré tout, la patte EVANGELION et consorts est omniprésente) et de la science fiction à la Lovecraft. A trop penser à son récit, il insère le maximum d’idées à l’intérieur, laissant peu de souffle à l’ensemble (et à de possibles suites ?). Mais peu importe, ici le spectacle fascine et Del Toro, en enfant de cinéma, sait nous divertir. Ses plans sont soignés, sa caméra prend son temps, son imaginaire est vaste. Des combats à taille d’immeuble plus compréhensibles que les TRANSFORMERS de Michael Bay, plus intelligents et plus coordonnés que le GODZILLA de Roland Emmerich, pour un spectacle de deux heures très riche.

Oui, comparons le aux précédents, mais à raison. L’avènement de Del Toro à ce niveau de production (alors qu’il avait abandonné LE HOBBIT pour des raisons de planning) fait entrer dans la cour dorée d’Hollywood un vrai gamin, celui qui veut réaliser ses rêves sur pellicule. Aux côtés de James Cameron et Peter Jackson notamment, il est sans conteste l’un des créateurs les plus prolifiques et originaux. Le voir passer sur du blockbuster transforme le film en vaste odyssée visuelle, une plongée dans l’imaginaire seulement bridée par la volonté de s’ouvrir au public le plus large possible. Vivement la suite. Ou son prochain film.

4 / 5
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