Lincoln

Les années avancent, Steven ne change pas. On peut ressortir de son LINCOLN avec cette imperceptible impression que quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse, Spielberg maîtrise toujours et encore son art. Loin de se reposer, il nous ressort une grande page d’Histoire (après AMISTAD ou IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN), une nouvelle fresque à sa sauce, hyper détaillée, minutieuse et contemplative. Autour de la figure tutélaire d’Abraham Lincoln (Daniel Day-Lewis, monumental), simple homme mais grand président, Steven Spielberg revient sur un tournant de l’histoire américaine avec un récit à l’ampleur infinie, comme lui seul sait le maîtriser.

LINCOLN se focalise sur le président en exercice lors de la fin de la guerre de Sécession. Ou comment manœuvrer pour mettre fin à une guerre meurtrière entre deux clans d’une même nation, éviter un schisme trop important, et continuer à faire passer les évolutions sociales nécessaires, notamment et surtout l’abolition de l’esclavage. Une période trouble, où la politique se menait sur plusieurs fronts, et pas toujours avec des méthodes très claires, mais qui a le mérite d’être traitée ici assez directement. Spielberg n’épargne rien à son LINCOLN, en faisant un homme plus qu’un symbole, un politicien habile et bavard (tout le talent de son acteur principal est bien de nous faire tenir 2h30 à l’écouter), un joueur d’échecs du réel avec ses coups d’avance sur ses adversaires, sa manière de penser… Forcément intéressant, didactique, très scolaire, ce Spielberg se dévore de bout en bout comme le nouveau chapitre de l’histoire américaine vu par son réalisateur. Entre les enjeux d’une guerre à terminer, et un changement de société radicale, LINCOLN joue la tension d’un évènement que l’on sait arriver, et pourtant nous tient en haleine jusqu’au bout.

Non dénué de défauts, sans doute pris au piège de sa durée et de son ambition, LINCOLN est une vaste épopée politique d’où émerge une figure historique puissamment incarnée par Daniel Day-Lewis, entouré d’une belle escouade de seconds rôles (tout Hollywood s’y bouscule). Président, mari et père de famille (Steven ne peut s’empêcher d’y replacer sa thématique familiale favorite), ce LINCOLN est l’un de ses personnages essentiels, mythiques qui ne se comprend qu’à hauteur d’homme. C’est peut être un peu long et pédagogique, mais quelle claque !

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