Les Salauds

Festival de Cannes 2013 – Un Certain Regard

Claire Denis, réalisatrice au regard âpre, est une habituée des festivals, baladée entre Cannes et Venise. Elle retrouve trois de ses comédiens favoris, Grégoire Colin, Alex Descas et Vincent Lindon, pour Les Salauds, un thriller dramatique très sombre.

Marco, capitaine dans la Marine, revient sur la terre ferme pour aider sa sœur Sandra à se sortir d’une terrible situation : son mari vient de suicider, l’entreprise familiale est au bord de la faillite et sa fille Justine est internée. Sandra accuse l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco décide alors de louer un appartement dans l’immeuble où il habite. Mais Sandra cache beaucoup d’autres secrets…

Captivée par les corps, Claire Denis introduit son film avec celui de Lola Creton, nue sous la pluie. Ce sera sulfureux. Elle marche perdue dans la nuit. Ce sera sombre. Son père vient de se suicider. Ce sera tragique. Vous êtes maintenant prévenu de la teneur de cette oeuvre singulière mais incandescente.

Avec un scénario noir, presque opaque, et écrit en à peine un mois, elle nous balade à coup de raccords éblouissants entre deux plans. L’on ne va jamais où l’on imagine. Le rythme est lourd, le décor tantôt lumineux (le Paris haussmannien), tantôt poisseux. On lutte autant que le personnage principal dans sa quête de vérité semée d’embûches et illuminée d’une rencontre fatale.

La musique est signée par les Tindersticks, groupe anglais de rock alternatif, qui collabore avec Claire Denis depuis 1996 et sept films. Entêtante et portée par la voix suave de Stuart Staples, la bande son entoure les images d’un nuage de mystère et de crasse.

Le casting parfait nous révèle même les premiers pas de Christophe Miossec en tant qu’acteur.

Sans souffle, sans répit, cette intrigue familiale et malsaine m’a plombé le moral mais m’a laissé un goût surprenant : celui du génie, celui de montrer du beau dans l’horreur.

3.5 / 5
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