Le Hobbit : Un voyage inattendu

Lorsque résonnaient en Décembre 2003 les dernières notes de la musique de fin du RETOUR DU ROI, on savait qu’on serait orphelins pendant un moment. Loin des fresques épiques, de la puissance narrative du SEIGNEUR DES ANNEAUX et de toute cette féérie entretenue par Peter Jackson sur une œuvre en trois volumes disséminée en trois sorties annuelles, et qui se clôturait avec l’achèvement ultime d’une adaptation jugée délicate, se dressait devant nous le vide d’un manque d’histoire et de conte moderne (même si depuis, quelques uns ont tenté, voir réussi à nous émerveiller). Jackson redonnait alors ses lettres de noblesse au mot « adaptation » en transposant l’œuvre de Tolkien dans un triptyque cinéma de grande volée où transpirait sa personnalité et sa vision des choses.

17 Oscars (dont 11 pour LE RETOUR DU ROI) et neuf années plus tard, Jackson revient. Avec toutes les promesses d’un développement aussi long et complexe que pour sa première trilogie, le réalisateur reprend les rênes malgré lui (Guillermo Del Toro, crédité co-scénariste, étant parti tourné PACIFIC RIM) pour de nouveau trois films. Comment? Adapter LE HOBBIT pourrait s’avérer plus facile, et pourtant il parvient à mettre les petits plats dans les grands. A force de rattacher chaque morceau du monde créé par Tolkien, Peter Jakson réintègre certains éléments issus d’autres livres pour sortir trois nouveaux films. Quel découpage est donc appliqué au HOBBIT, quels éléments nous arrivent du SILMARILLION et autres, peu importe. Avec son HOBBIT, Jackson livre un film somme, riche d’une foultitude de détails et d’informations, d’un amalgame de scènes servant une histoire simple. Bilbo y revient sur sa première aventure en compagnie de Gandalf et d’une compagnie de nains (au casting très british, ce qui est plutôt classe – seul défaut, avoir 13 nains côte à côte empêche de bien les présenter tour à tour), dont ce premier volume ne fait que narrer les premiers moments. On s’arrêtera au pied de leur objectif, non sans avoir vécu déjà quelques moments mythiques.

Dans sa structure, BILBO recopie LA COMMUNAUTE sans trop se poser de questions. (Re)Découverte de la Comté, pélerinage de groupe, arrivée à Fondcombe, passage par des mines, trolls et orcs au programme, et finalement un autre bout de Terre du Milieu qui se présente devant nos héros. Nul doute, Jackson installe ici son récit et ne s’embarrasse guère de détails en copiant/collant la façon de faire. Et ça fait plaisir! Non content de retrouver les codes, l’humeur (en plus jovial) et la manière de faire de la première trilogie, nous voilà de retour en Terre du Milieu, ce monde d’héroïc-fantasy aux ressources multiples et à la magie instantanée. Plus ludique dans son traitement, fondamentalement plus abordable (même si Jackson ne s’empêche pas de tirer vers plus de sombre et de désespoir), ce HOBBIT offre quelques beaux moments de bravoure et pas mal d’idées. Définitivement porte d’entrée vers un retour au monde que nous connaissons, ce premier volet n’offre pas beaucoup d’éclaircissements sur la suite, se contentant de nous nourrir avec de quoi s’occuper sur les prochains mois (l’attente sera longue).

Ce retour aux origines n’est pas dénué de figures familières (Gollum, les Elfes, Saroumane…), et replongera aisément les fans dans un univers foisonnant de trouvailles visuelles et scénaristiques (avec une 3D réussie mais peu pertinente). Une nouvelle fois, Peter Jackson nous émerveille et on en redemande. Dans ce contexte, relever les quelques défauts ne sert pas à grand chose : le public plongera facilement dans plus de 2H30 de film, transporté par la magie du récit. Ne nous y trompons pas, après cet échauffement nous risquons d’avoir le gros du morceau dans les deux suites, dont on ne sait pas lesquelles seront dédiées au HOBBIT, ou une continuation du récit servant de prologue au SEIGNEUR DES ANNEAUX. Et la boucle sera bouclée.

4 / 5