Cannes 2017 - La lune de Jupiter, uppercut visuel, drame réel

Cannes 2017 – Film présenté en Compétition Officielle.

Etonnant Mundruczó. Le cinéaste hongrois fortement remarqué après son WHITE GOD (Cannes 2014) revient avec un récit fantastique plongeant au milieu de la crise humanitaire actuelle. Comme un pur récit de comic book, le voici embarquant un Superman syrien pris sous le feu d’une arrivée en Europe musclée.

Sans ignorer le contexte politique et humanitaire bien réel, Kornél Mundruczó dresse une couche d’irréel bien au-dessus, avec un migrant développant soudainement des super-pouvoirs. Rapidement récupéré par un médecin local, qui a ses propres motivations, il doit trouver la solution pour s’échapper loin des camps et de la police déterminée à l’arrêter quoiqu’il arrive. Avec la maestria de ce jeune réalisateur derrière la caméra, LA LUNE DE JUPITER est un uppercut visuel qui n’hésite pas à offrir de grands moments d’audace technique et visuelle, lorgnant souvent vers l’ambition d’un Cuarón.

Et ça fonctionne. Ce film « de genre » estampillé auteur en raconte beaucoup sur le fond, et incarne une sérieuse concurrence à toute une galaxie de film super-héroïque américain. Parvenir à concilier les deux, voilà un exercice périlleux que négocie LA LUNE DE JUPITER, prophétie des miracles et de l’espoir au coeur d’un Europe de l’est brisée. Si Mundruczó n’évite pas non plus les écueils, quelques longueurs, ses intentions démontrent qu’il est possible en Europe de concilier genre et exploration sociale sans ennuyer son audience et sans minimiser le volet artistique.

3.5 / 5