La Guerre Est Déclarée

Ou le combat d’un jeune couple contre la tumeur au cerveau de leur enfant. La Guerre Est Déclarée traite d’un sujet grave mais évite astucieusement de tomber dans le mélodrame, la tragédie. C’est le gros travail du film : une réalisation détonnante qui fait habilement diversion par ses aspects décalés. C’est aussi, malgré tout, le défaut donné par ce petit côté dérangeant : on dérape parfois dans le « trop décalé », qui nous éloigne du combat médical et même de la réalité (exemple : la soirée où tout le monde se met à se rouler des pelles, ou les beuveries à répétition du jeune couple).

La Guerre Est Déclarée réussit au mieux à procurer les émotions des préoccupations de parents d’enfant malade, et les ravages que cela peut causer sur une vie de couple. On lui pardonnera ses excès dans certaines scènes pas toujours pertinentes ou compréhensibles pour l’histoire.

CRITIQUE PAR MG

Difficile de ne pas s’interroger sur l’aura d’un film avant toute sortie nationale. Passage à Cannes, rumeurs, plébiscite.. On en vient à se méfier, voir à être critique avant l’heure. Et c’est un peu le destin qui attendait le deuxième long métrage de l’actrice et réalisatrice Valérie Donzelli, après un premier remarqué, la Reine des Pommes. Et on avoue sans retenue aucune que pour une fois, son (futur) succès est amplement mérité. Décryptage d’une vraie réussite, et d’un vrai bon film qui fait du bien au cinéma français!

Même dispositif, même casting que pour les Pommes (et sa Reine) ; Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli, devant et derrière la caméra, jeu à quatre mains pour une histoire cette fois ci toute personnelle. Lorsque Juliette et Roméo (sic!) découvrent que leur fils Adam, 6 mois, a une tumeur, ils décident de se battre pour lui assurer les meilleures chances de survie. Une épreuve qui les conforte dans leur rôle de parents, et les confronte en tant que couple solide. D’une histoire personnelle, Donzelli (et Elkaïm) se permet d’en faire un film. Mais loin de tout sentimentalisme exacerbé, voir de misérabilisme ambiant, elle transforme cela en conte moderne, fable entre salle d’opération et bord d’autoroute, à attendre le pire, ou le meilleur. D’un drame ignoble, elle retourne l’histoire pour raconter celle d’un couple, d’un homme et d’une femme face à leur vérité, celle de la lutte pour la survie de leur enfant. Entre médecins, hôpitaux et chances de survie. Entre solidarité, amour et rupture.

La Guerre est Déclarée se révèle donc judicieusement réfléchi du début à la fin. Le duo principal est des plus charmants, les auteurs s’octroyant sans peine la vedette, dans un récit finalement centré sur le couple (et non l’enfant). Ayant la bonne idée de travailler également la forme, et non seulement le fond, ils rivalisent de trouvailles pour égayer le récit. Chansons, voix off, récit déstructuré et à la limite film chorale (pour l’étendue des seconds rôles), tout ceci renforce l’adhésion à leur cause, et on assiste aux tiraillements du couple tout au long du film. Quand on sait que les conditions de tournage ont également été prévues pour être le plus souple et moderne possible, voici un deuxième long métrage sous forme d’essai cinématographique, de déclaration d’amour au 7e Art hors des conventions du genre. On ne criera pas au génie, mais bien à la prouesse de nous offrir un film léger et dur à la fois, drame sentimental avec un coeur grand comme l’écran. Une odyssée moderne, entre Marseille et Paris, pour une histoire « tirée de faits réels » prodigieusement revue pour la fiction. Donzelli, décidément très en vogue en ce moment (L’Art de la Séduction), doit fébrilement attendre la sortie du film, fin Aout…

4 / 5
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