Jupiter : Le destin de l’Univers

Pur produit Wachowski (après une collaboration sur CLOUD ATLAS), JUPITER ASCENDING est un retour à la science-fiction, terreau de création qui a vu éclore la fratrie en 1999 avec MATRIX. Une brillante réussite critique et publique qu’ils ont difficilement reconduit avec deux suites, puis des changements de style affichés avec des audaces esthétiques et scénaristisques qu’il faut reconnaître. Dorénavant chaque film d’Andy et Lana sont attendus comme de véritables univers aux possibilités infinies, et JUPITER ASCENDING n’y fait pas défaut.

Ambitieux, leur space opera maison l’est. Avec des envies de grandeur, les Wacho proposent un voyage dans l’espace pour Jupiter, employée de maison propulsée reine de l’univers au milieu d’une bonne guerre des familles à l’ancienne. Mixant leur récit d’une teinte hybride, des personnages mi-hommes mi-animaux à une galerie de sous-personnages extraterrestres, les Wacho tentent la mixture ultime. Celle de récupérer d’un côté une structure de conte de fées, avec une Cendrillon russe récurant les toilettes américaines, en y injectant le souffle du space opera rapidement réduit à un Dallas spatial entre 3 frères et soeurs dominateurs, (on pense à DUNE) face à l’héroïne qui ne sait trop ce qu’elle fait là. En entrée, les Wacho auront gentiment passé en revue toute la mythologie extraterrestre pour mieux faire comprendre sur quoi ils développent leur histoire (dont certains pans semblent sortis tout droit de… MATRIX).

Passée une introduction assez lourde (mais pas très longue, admettons), si les Wacho multiplient les coups de palette graphique et proposent deux grandes scènes d’action assez salvatrices sur deux heures de film, le poids d’un récit trop référencé rend l’ensemble assez prétentieux. On y retrouve des dialogues répétitifs (pour bien faire comprendre la toile de fond économico-destin de l’univers), de séquences humoristiques qui semblent presque artificielles et une histoire d’amour au couple bien fade (une Mila Kunis perdue comme toujours face à un Channing Tatum aux oreilles en pointe et au skate board de l’espace) encadré par des plans majestueux de vaisseaux spatiaux et de l’action épique. Un mélange hybride donc, qui ne convainc pas totalement.

Trop immergés dans leur univers, qu’ils ont voulu riche et multiple, les Wacho se sont donc perdus en route. La volonté d’offrir un spectacle original (donc ni adapté ni rebooté ) se heurte à une candeur qui leur est propre, celle de prouver qu’en exposant des personnages à plusieurs facettes suffit à démontrer leur capacité à sortir du carcan hollywoodien. Mais en restant au sein d’un grand studio, les deux auteurs-réalisateurs oublient d’offrir un récit consistant, laissant échapper une fin sans réelle résolution, qui laisse des antagonistes absents et de très possibles suites à venir, en cas de succès. Bis repetita donc. Au final JUPITER ASCENDING est une jolie réussite technique, qui propose un récit naïf ne créant pas l’empathie. On garde l’image des héros surfant dans l’espace… et malgré tout on s’amuse de ce grand huit qui nous est proposé. Voilà qui est bien le plus important dans une salle de cinéma.

2.5 / 5
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