Des jeunes femmes disparaissent

Festival du Film d’Amiens 2014

Écrit et Réalisé par Jean-Claude Brisseau. Avec Anna Sigalevitch, Camille Polet, Fabrice Deville. 30 minutes. France. Date de sortie inconnue.

Quand Jean-Claude Brisseau parle de son dernier film, il explique tout d’abord qu’il s’agit d’un exercice d’expérimentation. Produit, écrit et réalisé dans le cadre d’un cours au Fresnoy, ce film est un court-métrage qui brasse très peu de choses. Remake de son tout premier film (réalisé en Super 8), ce film explore le suspense, l’angoisse et l’impact chez le spectateur. Deux meurtriers en série opérant ensemble, un mélodrame, une séquence érotique, une séquence de suspense. Voilà les grandes lignes qu’aborde JC Brisseau.

Quand le cinéaste parle de son film, il mentionne Hitchcock. Il cite quatre phases d’un bon film à suspense. La première étant de faire une catégorisation « les gentils » et « les méchants ». Par cela, il sous-entend de présenter des personnages pour lesquels le personnage s’attachera, et donc pour lesquels il aura du mal à les voir se faire tuer. Dans un deuxième temps, il faut faire monter l’intrigue en crescendo. En abordant à la fois le mélodrame dans le suspense, Brisseau fait radicalement basculer le ton de son film. Mais comme ce n’est pas le plus important dans son travail sur ce film, les deux ambiances sont trop distinctes et on oublie vite la première pour se concentrer sur l’angoisse.

Les phases trois et quatre concernent – à quelques détails près – la même idée. Celle où l’espace est mis en scène, totalement. C’est là que Brisseau a intervenu pour préciser, et même souligner plusieurs fois, que ce film est un exercice pour expérimenter l’effet de dramatisation de l’espace, avec le relief (ce que Hitchcock voulait pour LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT). Le principe est assez simple en soi : pouvoir se demander où se cachent ces « méchants », mais surtout la fameuse question du « que va t-il arriver ? » au personnage filmé dans de nombreux espaces vides. De là, les meubles prennent toute leur importance, même si la 3D était franchement dispensable.

Mais voilà, ce film « exercice expérimental » est complètement dénué d’intérêt. Nous ne sommes, à aucun moment, devant un film au style Brisseau. Nous avons uniquement un cinéaste renommé qui a voulait tenter quelque chose qui a été réalisé maintes fois. Une certaine vanité et surtout une superficialité viennent dévorer tout le film. On s’attend à tout, on connait déjà le sort des personnages, les références font pleurer, les déambulations dans l’appartement pour découvrir les pièces vides sont indigentes, etc… La seule partie qui a vraiment de l’intérêt, c’est la séquence érotique en incrustation (images de l’univers, d’un volcan, …). Sinon, comme dirait JC Brisseau lui-même, c’est bof bof.

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