En solitaire

C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui vient au cinéma. Dans cette année très aquatique (de L’ODYSSEE DE PI de début d’année au prochain ALL IS LOST), la France ne recule devant rien et s’offre un tournage sportif. Calquant son histoire sur une course mythique, le tour du monde en solitaire sans escales, ce premier film ose tous les défis mais se rattrape à une bouée de sauvetage pas forcément nécessaire.

EN SOLITAIRE aborde son sujet comme la haute mer, droit devant. Sitôt embarqué, nous voilà déjà en course. Cluzet, impeccable skipper au long cours, lutte déjà contre les éléments et ses concurrents. On passe donc le difficile départ pour baigner dans les températures et le vent qui souffle. Techniquement, voilà un film sans concessions, qui s’offre des conditions réelles et le grand large comme limite. Choix plaisant, loin des films artificiels du quotidien, et qui donne tout son caractère au film. On suivra ainsi les aventures de ce marin d’eau salée en vibrant à chaque seconde face aux choix tactiques et aux conditions climatiques.

Malheureusement, il faut bien donner des repères aux spectateurs (ou à la fenêtre télévisuelle), et là où Redford dans ALL IS LOST plongeait dans l’extrême, EN SOLITAIRE effectue une pirouette scénaristique pour nous plonger dans un contexte social et humain pas forcément nécessaire. Pour finalement mettre à côté de l’aventure sportive et humaine une autre histoire, sensible et sociale, qui fonctionne moins bien. Prise de risque réduite au minimum pour une découverte de l’horizon qui nous offrira de grands moments sans aller au bout, EN SOLITAIRE reste au-dessus de sa ligne de flottaison pour ne pas nous faire chavirer. Dans tout ça, on profite quand même des embruns, avec plaisir.

3.5 / 5