Contes italiens

Écrit et Réalisé par Paolo et Vittorio Taviani. Avec Kasia Smutniak, Riccardo Scamarcio, Jasmine Trinca, Kim Rossi Stuart, Michele Riondino, Vittoria Puccini, Carolina Crescentini, Paola Cortellesi, Lello Arena, Flavio Parenti. Italie. 120 minutes. Sortie française le 10 Juin 2015.

Il y a ce genre de films qui accordent tout à l’image. Il y a ceux qui aiment avoir un scénario bien fourni. D’autres essayent de combiner les deux, souvent en vain. Avec ces CONTES ITALIENS, les Taviani indiquent déjà toutes leurs intentions dans le titre. Des histoires racontées, avec un contexte italien bien marqué. Tel un portrait d’une société italienne, sous l’oeil de plusieurs époques. La résonance est claire, et préfère se ranger dans l’explicite. Le soucis, c’est que tout reste du côté du récital. Tout est conté lisiblement, sans fausse note, avec une cadence méthodiquement appuyée. Après un conte, c’est vite lassant. Voici un film qui déblatère des mots sans vraiment les vivre.

Après tout, ils y sont bien obligés. Parce que le long-métrage n’a pas grand chose à raconter. Les deux cinéastes explorent des situations, observent leurs personnages. Mais tout reste sur place, aucun pas n’est effectué. Même pas un petit décalage sur le côté, un pas en avant ou un recul à certains instants. Non, tout est fixe et le film semble s’en satisfaire. Vu que l’exposition laisse présager un retour au début, avec la séquence finale, il n’y a aucun besoin de développer les personnages. Ces visages, ces caractères n’ont rien à montrer in situ. Ils gambadent, ils s’embrassent, ils parlent, ils nagent, etc. Des instants intimes volés, car ils n’apportent rien à l’intention.

Les seuls moments où on pourrait dessiner un portrait des personnages principaux (ceux de la première séquence), ce sont ceux des contes. Car ces petites histoires sont racontées par des autres. Elles agissent telles des projections, comme si un conte dessine et développe ce qu’il faut comprendre (et non savoir) d’un personnage. D’où la volonté d’incorporer plusieurs tons au film. Les contes ne se dirigent pas vers la même approche : parfois de la comédie, mais aussi du drame. La romance est notamment très présente, parfois même à noyer l’idée de singularité entre les histoires.

Même si ces contes se démarque parfois, soit par les personnages soit par le ton adopté, leur mise en scène est malheureusement unique. Le film patauge dans une théâtralité radicale, ne permettant jamais aux personnages d’exploser. Tout reste sur le supposé, sur la suggestion, sur la simplicité du geste. Aucun instant n’est abouti, et toutes les séquences ont le simple but d’explorer les genres. En premier la romance, qui est trop présente au fil du long-métrage. La radicalité théâtrale de la mise en scène, par ses attitudes totalement binaires, implique des ambiances trop dissimulées.

Pourtant, le montage constitue une vraie dynamique pour le film. Il est très logique de dire que les Taviani savent faire un découpage, et agencer leurs plans. Parce qu’ils se confondent tous avec les tons choisis. A chaque situation, son cadre, son échelle et sa transition (fondu, cut, écran noir, …). Toutes les possibilités sont de mise, ceci donne au film un réel intérêt à suivre les projections contés des personnages principaux. Notamment dans les esthétiques. En effet, elles sont plusieurs. Toutes ces couleurs du début finissent par disparaître, pour unifier à quelque chose de moins étincelant. Les contes ont leur propre unité esthétique, pour à nouveau se confondre avec les tons choisis. Dommage que les ambiances ne suivent pas le rythme, et que l’esthétique dans le montage n’arrivent pas à propulser la mise en scène vers quelque chose de moins académique.

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