Contagion

C’est l’histoire d’un virus qui décime la planète. Mais l’histoire est racontée de la façon la plus réaliste possible, pour rendre le film crédible. Et si cela arrivait vraiment, comment nous organiserions-nous ? Voilà ce que veut décrire Steven Soderbergh avec Contagion, son film d’anticipation au casting soigné.

La réalisme de Contagion se veut aussi malheureusement son principal défaut. Tout est tellement logique, normal, que l’ensemble en devient… banal. Et oui, si un tel virus arrivait, et bien on ferait comme-ci, comme-ça, pas pire pas mieux. C’est sûr, on est loin de l’apocalypse qui transforme tout le monde en zombies. Contagion est mieux fait, on en ressort avec un fatalisme et un pragmatisme presque affligeants : lavons-nous les mains tout le temps, limitons les contacts avec des objets ou des personnes inconnues, ayons toujours avec nous notre petit flacon de gel bactéricide. De toute façon le virus du film se propage par l’air, alors… fatalisme, vous disais-je.

CONTAGION PAR MG

Consciencieux Soderbergh. Le réalisateur américain, hyper prolifique, n’a de cesse d’annoncer sa retraire, mais enchaîne les tournages sans perdre de temps. Une course contre la montre qui l’amène à sortir plusieurs par an ; avant 2013, vous aurez ainsi Haywire, Magic Mike, The Man from U.N.C.L.E. et Liberace. Et avant ça, Contagion. Steven Soderbergh a su varier les sujets, les formats, l’impact de ses films, et cette fois ci il s’attaque au film de virus, sur fond de société XXIe siècle.

Contagion, c’est avant tout un scénario type. Imaginons la propagation d’un virus, type H1N1 en plus violent, au niveau mondial. L’interaction des communications, des politiques, des militaires, des agences intergouvernementales, des populations. La tectonique de la paranoïa s’installe (on parle ici des blogs, aussi), les avis fusent, les scientifiques travaillent sur un vaccin… Contagion n’a pas vocation à livrer une solution, ni une vérité. Juste une possibilité, une question ; comment cela se déroulerait il? Loin des films catastrophes commun, Soderbergh tisse une toile à partir de plusieurs mini histoires (il aime bien ça, après tout), plusieurs points de vue pour essayer de comprendre cette crise à différents niveaux. On pourra regretter le manque de grands sentiments, l’épuration du pathos commun, et pourtant c’est là le point fort du film.

Méthodique et clinique, Contagion joue plus sur le rythme (grandement aidé par une musique – le compositeur attiré de Soderbergh, mais aussi du récent Drive) pour dérouler le fil des évènements, sans s’appesantir sur les situations personnelles. Au sein d’un casting gigantesque (pour la fan attitude, on y retrouve encore Bryan Cranston!), le réalisateur donne une petite part à chacun, pour composer un puzzle à taille internationale où rien ne ressort vraiment. L’impression finale est celle d’un grand chaos, d’une paranoïa latente autour d’une crise dont le monde se relève avec peine, et sans réellement savoir si la chance a joué ou si les dispositifs en place ont fonctionner. Toutefois l’espoir perdure ; pas de fin du monde ici, juste une simulation de ce qu’il pourrait nous arriver. Une hypothèse brillament détaillée par un Soderbergh décidément très pointu, non sans ironie concernant notre mode de vie. Finalement, Contagion fonctionne pleinement comme une image de nous-mêmes, petits humains encore un peu innocents sur ce qu’il se passe autour de nous. Jusqu’ici, tout va bien…

3.5 / 5