Asphalte

Écrit et Réalisé par Samuel Benchetrit.
Avec Isabelle Huppert, Gustave Kervern, Valeria Bruni Tedeschi, Michael Pitt, Tassadit Mandi, Jules Benchetrit.
France. 100 minutes. Sortie le 7 Octobre 2015.

A partir des premiers plans, le nouveau film de Samuel Benchetrit semble être alléchant. Il y a un grand bâtiment délabré où pourtant des hommes, des femmes et des adolescents y vivent. La première scène parlée est notamment très drôle, où une réunion à la décision importante mélange un discours sérieux et des attitudes retenues, froides. Au milieu de ce « comité » des habitants de l’immeuble, il y a Gustave Kervern : au milieu de tous mais pourtant en retrait. Seul à ne pas lever la main pour acheter un nouvel ascenseur, le seul au regard indifférent et surtout celui qui finira seul dans la mise en scène. Tout l’humour du long-métrage se veut là : le champ / contre-champ sert à opposer deux points de vue, à les confronter dans une mise en scène qui explore l’absurdité de la nature humaine.

Sauf que, à la fin de cette scène, le film se tourne vers de nouveaux personnages qui n’ont pas interagis avec la première scène. Le récit de Samuel Benchetrit se compose ainsi : trois arcs différents, pouvant être composés (et surement tournés) comme trois courts-métrages différents. Le seul point commun entre ces trois intrigues, c’est l’immeuble dans lequel ils vivent tous (exceptée l’infirmière jouée par Valeria Bruni Tedeschi). Jamais les trois arcs ne vont agir ensemble, ni se rencontrer : ils fonctionnent tels des sketchs autonomes. Et là où chacune des ces intrigues différentes sont égales, c’est dans le désir de capter les rapports humains.

Mais cela ne devient qu’une pure illusion : ce ne sont pas les personnages qui font rire, ce sont les sorts qui leur sont réservés. Entre les clichés habituels qui sont désormais sensés faire rire, la rencontre vraiment lourde entre les générations et l’amour éclopé : il y a un grand manque d’imagination et de prise de risque. Le long-métrage ne fait que titiller la personnalité de ses personnages pour en tirer des actions comiques et parfois rocambolesques. Samuel Benchetrit en tirera même quelques répétitions, qui vont amener de la longueur à son film.

Malgré quelques beaux plans et quelques vrais instants drôles, cela ne suffit pas à donner de l’utilité au long-métrage. Les rapports humains décrits sont constamment dans la froideur et la retenue. Cela parce que l’exploration de la mise en scène ne regarde que l’espace intérieur des personnages : leur psychologie face à une situation et leur réaction spontanée face à un autre être humain inconnu. Alors que l’immeuble aurait permis de déterminer un huis-clos plus frustrant, plus mélancolique, ici le film ne cherche jamais à s’élargir dans la communauté. Il ne fait que frôler le concept de proximité des habitants du bâtiment, et ne cadre jamais les espaces physiques (ou architecturaux) comme des solutions possibles aux rapports humains, à leur évolution.

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