A perdre la raison

Adaptation cinématographique d’un fait divers sordide, A PERDRE LA RAISON est la confirmation qu’un réalisateur, au-delà de la plastique de son film, est un créateur d’atmosphère. Et dans ce film, où Émilie Dequenne nous revient magnifiquement, tragiquement, c’est surtout une histoire d’ambiance. De malaise.

On le comprend d’entrée, puisque le film commence par la fin, ce sera l’histoire d’une femme. D’une mère qui se retrouve coincée au sein d’un foyer devenu irrespirable, bloquée entre un mari devenu indifférent, la présence d’un beau-père suffocante, la vie avec quatre enfants. Le personnage de Dequenne se débat face à ses deux hommes (le retour, toujours parfait, de la paire Rahim – Arestrup), ses propres angoisses, pour ne pas plonger dans la dépression. Et sans lui trouver d’excuses ni de raison, Joachim Lafosse tisse lentement le fil de l’histoire qui amènera au dénouement, dramatique.

Histoire sans suspense, pourtant tendue de bout en bout, on voit comment le quotidien peut se transformer en enfer, comment une maison du bonheur peut se transformer en huis clos claustrophobique. A l’instar de POSSESSIONS ou L’ADVERSAIRE, voici un fait divers sanglant passé en sombre fiction, où le personnage central n’est pas forcément un monstre, mais devient par son action (ici seule et poussée à bout par un climat familial atroce et sans doute une dépression avancée) la victime de ses propres tourments. Joachim Lafosse filme au plus près cette histoire, pour un résultat attendu mais très convaincant.

3.5 / 5
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