A la merveille

Sélectionné au dernier Festival de Venise, le nouveau film de Terrence Malick est très attendu par les fans du réalisateur de Tree of Life. Si ce dernier avait enchanté la Croisette, et moi-même en 2011, A la merveille divise.

Terrence Malick se cite. Il réutilise la même identité cinématographique, des mouvements de caméra lents mais jamais immobiles, des travellings avant à hauteur d’enfant, une lumière qui rappelle Les Moissons du ciel… Toutes les images du métrage sont sublimes, mais terriblement vides de sens. Elles seront probablement pleines de sensations pour certains mais elles n’ont été qu’ennui pour ma part.

Factuellement, le film nous raconte l’histoire de Marina et Neil. Ils vivent en France et s’aiment. Puis déménagent aux Etats-Unis dans un bled perdu. Marina se lasse, étouffe et retourne en France. Pendant son absence, Neil renoue avec Jane des sentiments amoureux. Mais Marina revient auprès de Neil qui doit alors rompre avec Jane.

On dirait presque un résumé des Feux de l’amour. C’est à peu près l’effet que fait le film. Les personnages sont travaillés en surface ou uniquement en profondeur. On n’entend presque que des voix off et donc uniquement leur pensée, sans comprendre tous les actes, les contextes, les autres, sans nous donner une chance de les aimer. Les virevoltes incessantes de Marina donnent la nausée et les quelques belles images vaines de la fin achèvent de me laisser bouche-bée devant tant de vacuité. Certaines répliques sont improbables. Vous avez déjà entendu une petite fille dire « Quand est ce que tu vas la marier ? ». Certains personnages sont inutiles, incompréhensibles. Je pense à celui campé par Javier Bardem, le prêtre. Que vient-il faire dans un film sur l’amour ? L’amour de Dieu nous aide-t-il à mieux comprendre les autres personnages, leur dessein ? Poussé par un mysticisme visible, il dirige son film comme la tour de Babel, multilingue. Mais à la fin de l’histoire, aucune tour ne se dresse.

Personne n’attendait le retour du réalisateur si vite (alors qu’il mettait en moyenne une dizaine d’années entre deux films). A bien y réfléchir, il aurait peut-être dû attendre encore quelques années avant de nous livrer un film si peu consistant. J’en attendais beaucoup et j’ai été très déçue.

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